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Fanes de carottes
4 mars 2009

Terreurs et horreurs -1

Dans les murs
Martine27

Tout a commencé par un léger frôlement tout juste audible, impossible à localiser. Un froissement pas bien gênant, juste un peu énervant quand d’aventure l’attention se fixait dessus.

Puis à force de se focaliser sur ce bruissement, elle finit par le situer dans le grenier. Peut-être simplement une branche qui frotte mais c’est un bien étrange grattement.

Puis le grattement s'est fait trottinement. Plus de doute, une chose squatte le grenier, par où est-elle entrée et de quoi se nourrit-elle ? Là-haut, il n'y a que de la laine de verre pour l'isolation, rien de vraiment digeste.

Bon, pour le moment, bien qu'elle déteste l’idée qu’un animal se promène au dessus de sa tête, elle en prend son parti, nul doute que la bestiole va rapidement s'intoxiquer et les laisser en paix. Ce n’est visiblement qu’une souris.

Hélas non, jour après jour le piétinement se fait plus présent comme si la souris, ou le loir peut-être, grossissait encore et encore. Impossible !!! Ça devrait être à l'agonie maintenant.
Dans la journée, un calme tout relatif règne dehors : le bruissement du vent dans les arbres, le chant des oiseaux, le passage épisodique d'une voiture, le cri d'un enfant, le ronronnement d'une tondeuse à gazon... A l'intérieur, pas un bruit. Ce silence qui règne, alors qu'elle tend l'oreille pour surprendre l'animal, l'angoisse.
Cependant au cœur de la nuit, à l'heure où le noir domine sans partage, le bruit reprend. Frôlements, froissements, bruissements, grattements, trottinements, frottements, piétinements qui se transforment, elle en est bien certaine, en galopades de plus en plus présentes. 

Ce n'est plus supportable, il faut faire quelque chose pour retrouver le repos qui la fuit, pour chasser cette fatigue qui s'amoncèle sur ses épaules, il faut se débarrasser de ce bruit qui devient menace.

Son compagnon, lui, n'a pas l'air incommodé. Il dort toujours du sommeil du juste, il faudrait au moins une tornade pour le réveiller. Il a donc bien du mal à comprendre son angoisse. Franchement tout ça pour une simple souris, pourquoi pas des crises de panique pendant qu'elle y est ! Ah, les femmes...
Mais bon, il l'aime alors il va acheter des graines empoisonnées. Se glissant par la trappe qui conduit au grenier, il répand généreusement le grain mortel. Voilà, la manœuvre est accomplie, il n'y a plus qu'à attendre.

La même nuit, elle se réveille à nouveau en sursaut, la bête est toujours vivante, mais elle n'est plus dans le grenier. C'est sûr elle est descendue, elle galope maintenant dans la cloison. Elle le secoue. Tu l'entends, dis, tu l'entends ? Non, il n'entend rien, ce n'est pas faute de tendre l'oreille, mais non, il n'entend rien. Bon d'accord, demain il posera des pièges. Elle doit rêver, pense-t-il en toussant, ce n'est pas possible pour une souris de vivre dans un environnement aussi urticant.

Ca y est, ça a dû fonctionner, elle a merveilleusement bien dormi. Vas voir, la souris doit être morte ! Il monte dans le grenier. Mais non rien. Le piège est vide.
Non, ce n'est pas possible. Son cœur se met à battre comme un fou. Cette saleté s'est moquée d'elle la nuit dernière, elle a fait semblant, voilà elle a fait semblant.
Mais tu es folle de penser des choses comme ça voyons, elle a eu peur et elle est partie voilà tout, allons calme-toi, je t'en prie.

La nuit est tombée, en tremblant d'appréhension, elle se couche. Elle se niche dans ses bras. S'il n'entend rien, peut-être que, bien blottie contre lui, elle n'entendra rien non plus.
Peine perdue, si l'infernal animal s'est tenu tranquille la nuit précédente, maintenant il se déchaîne. Les ténèbres ne sont plus que gémissements, fredonnements, grincements, gémissements, chuchotements, plaintes, lamentations. Et lui, lui, n'entend rien, c'est impossible, et pas moyen de le réveiller pour quémander un peu de réconfort.

S'il n'entend rien, c'est qu'il n'y a rien à entendre. Alors pendant plusieurs jours elle fait comme si. Comme si son sommeil était parfait. Mais ce n'est pas vrai, nuit après nuit la sarabande démoniaque reprend. Maintenant elle est sûre que le monstre est caché dans le placard de la chambre, il la guette, il attend qu'elle fasse l'erreur de se lever la nuit pour l'attaquer.  Forcément c'est ça, il veut l'attaquer.

Alors un matin, elle craque, elle crie, elle hurle sa peur. Devant ce déferlement d'émotion, devant son air défait, il la supplie d'aller voir le médecin. Mais non, pas de médecin, il doit trouver la chose, il doit la tuer, par pitié. Démuni devant cette souffrance, il sort, il va passer à la pharmacie demander un médicament pour l'aider.

Elle est seule dans la maison. Seule ? Non, bien sûr que non ! ELLE est là aussi qui la guette, prête à lui sauter dessus. D'ailleurs, elle l'entend là dans la cloison.
Puisque personne ne peut l'aider, eh bien elle va se débrouiller toute seule. Elle va dans le garage, elle prend la pioche qui sert à creuser les trous pour les plantations. De retour dans la maison, elle commence à défoncer les murs, elle suit la cavalcade et chaque fois qu'elle s'arrête, elle donne un grand coup. Bientôt, la chambre ressemble à une pièce dévastée par une bombe, l’une après l’autre les cloisons sont explosées, comme une mécanique fixée sur son but, LA détruire, elle frappe encore et encore.

Alors la porte d'entrée s'ouvre et il apparaît ahuri par ce déchaînement de rage et de fureur. Après une lutte désespérée, il arrive à lui arracher la pioche des mains sans la blesser et alors qu’elle s’effondre entre ses bras, il parvient enfin à appeler les secours. 
Bientôt ils sont là. Le médecin, hagard devant l’étendue des dégâts, lui fait une piqûre qui l'assomme. On l'attache sur le brancard et on l'emmène vers l'hôpital le plus proche. Elle est devenue folle, mais pourquoi ? Une souris qui grignote dans le grenier, vous vous moquez de nous mon pauvre ami, une pareille crise pour une petite souris, c'est impossible ?!

Et tandis que l'on entend la sirène de l'ambulance s'éloigner, dans la chambre ravagée, une ombre ricanante sort du mur.
Elle respire avec délectation les odeurs de peur et de folie qui saturent la pièce. Puis, ce qui ressemble à une souris déformée sort de la maison. En quelques instants la présence passe par plusieurs formes, araignée, serpent, chien... elle hésite, il ne faut pas se tromper, c'est la peur qui la fait vivre, qui la nourrit. Ah ça y est ! Là-bas, une odeur la ravit, alors dans un dernier rire grinçant, la chose s’éloigne.

*****
Martine nous a fait frémir en réponse à l'appel 'terreurs et horreurs'

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Commentaires
I
y'a de quoi frissonner, en effet :)
M
Wouahhh j'ai drôlement eu peur moi aussi ! Ouille j'entends le plancher qui craque !!! Maman !!!!
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