Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Fanes de carottes
25 mars 2009

Terreurs et horreurs - 5

Chambre 13

Pandora

première partie

Elle a accepté cette mission en intérim pour la Toussaint. Deux jours rémunérés grassement qui aideront à payer cette télé qui leur fait de l’œil depuis quelque temps déjà. Son ami n’a certes pas été ravi à l’idée de passer le week-end seul, mais c’est le prix à payer quand on fantasme sur les infirmières. D’autant que lui aussi a envie d’un grand écran pour regarder ses matchs.

Le centre de cure est situé en montagne, à près d’une heure de route, et on lui a proposé de dormir sur place pour lui éviter un trajet inutile sur des chemins peu praticables. A son arrivée, un collègue la conduit dans la chambre où elle passera la nuit,  pour qu’elle y dépose ses affaires. Située au dernier étage dans une aile désaffectée du bâtiment, c’est une ancienne chambre de malade, toute simple, avec un petit lit au cadre métallique, une table, une chaise et un lavabo, les douches étant à l’étage. Il n’y a ni télévision ni téléphone, mais elle n’en aura pas besoin. Elle s’attarde un moment à la fenêtre qui donne sur les montagnes et les forêts alentour ; la neige toute fraîche a recouvert les arbres d’un fin manteau brillant. Une vue magnifique.

Elle a choisi l’intérim parce qu’elle déteste la routine et que chaque nouvelle mission constitue une petite aventure. Mais c’est toujours avec un peu d’appréhension qu’elle prend son poste, découvre l’équipe et se familiarise avec ses méthodes de travail, essaye de s’intégrer pour que la journée passe du mieux possible. Aujourd’hui, l’ambiance est bonne et l’équipe plutôt sympathique. Les veilleuses de nuit prennent le relais à vingt et une heure et après de rapides transmissions, chacun rentre chez soi, les autres habitants à proximité.

Elle regagne, seule cette fois, sa petite chambre en passant rapidement par l’extérieur pour gagner le bâtiment voisin. La nuit est froide et la lune, pleine en ce samedi soir, donne à la neige un reflet grisé. Son téléphone sonne alors qu’elle est encore dehors, et elle prend l’appel en marchant.

- Ça va, tu t’en sors ?

- Oui, l’équipe est sympa, je rentre, maintenant. J’ai une petite chambre rien que pour moi dans un grand bâtiment vide.

-  Tu n’as pas peur que le grand méchant loup vienne te manger ? Wououououou !!

- Arrête Max, tu n’es pas drôle.

Elle entre, mais la lumière ne fonctionne pas.

- Mince !

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- La lumière ne marche pas. J’ai besoin du téléphone pour m’éclairer, je te rappelle quand je serai dans la chambre, d’accord ?

- D’accord, à tout de suite.

Elle raccroche et se guide dans les couloirs désormais sombres et déserts à la lueur de son téléphone portable qu’elle tient devant elle comme une lampe de poche. Avec la nuit, le bâtiment a changé d’aspect. Les recoins de porte se transforment en abris possibles pour meurtrier en mal de victime, les bruits auxquels elle n’aurait pas prêté attention en journée prennent un sens totalement différent, et la cruche superstitieuse qui sommeille en elle remplace l’infirmière rationnelle qu’elle est habituellement. Elle n’aurait pas dû raccrocher, le trajet aurait était moins effrayant avec Max au bout du fil. Elle arrive enfin au grand escalier qui la conduira à sa chambre et entame la montée. Un claquement de porte plus bas déclenche une peur panique qui la fait courir sur les deux derniers étages et arriver, le cœur battant et complètement essoufflée, à la porte de sa chambre. Là encore les ombres semblent héberger d’obscurs personnages. Elle est redevenue la petite fille qui avait peur du noir. Elle cherche la clé dans sa poche d’une main tremblante et l’engage laborieusement dans la serrure. Il lui semble entendre un bruit de respiration derrière elle, mais la porte s’ouvre enfin et elle s’engouffre à l’intérieur en refermant à double tour le plus rapidement qu’elle le peut. La pièce sent la lavande. Elle déteste cette odeur. Ça ne sentait pourtant pas la lavande tout à l’heure. Elle sursaute en entendant un bruit sourd de l’autre coté. Elle aimerait croire que c’est son imagination. Il faut que ce soit son imagination.

Un nouveau bruit sourd… Elle se plaque le dos contre la porte en espérant ainsi empêcher toute intrusion, mais ses cinquante kilos ne feront pas le poids.

- Il y a quelqu’un ?

Pas de réponse, bien sûr. Elle se sent ridicule mais elle est quasiment sûre d’avoir entendu quelque chose.

- Hé, il y a quelqu’un ? Répondez, ce n’est pas drôle !

Toujours rien.

Elle prend son téléphone portable pour appeler Max. Oui, tant pis si elle a l’air ridicule. Tant pis s’il n’y a personne. Tant mieux même, pourvu que ce ne soit rien. Elle ne pourra pas dormir dans ces conditions, à guetter le moindre bruit, il faut qu’il la rassure.

Un grattement contre la porte la fait sursauter et la conforte dans ses certitudes : il y a quelqu’un derrière la porte. Ses mains tremblent tellement qu’elle doit s’y reprendre à plusieurs fois pour composer le numéro de son ami. Rester calme et respirer. Max, Max, réponds, dépêche.

à suivre...

*****

En réponse à l'appel "Terreurs et horreurs"

Publicité
Publicité
Commentaires
I
c'est bôôôôôôô... ekwe en chercheuse d'or :) <br /> <br /> @pandora : j'ai stoïquement tenu le coup :) J'attends demain pour aller lire la suite en faisant une pause.
E
@ Map<br /> La suite, c'est dès demain. A la différence des feuilletons, les textes publiés en plusieurs fois le sont toujours sur une période continue.<br /> <br /> @ Stella<br /> Je ne pense pas que tu seras déçue, non... Personnellement, je trouve la fin brillante (quoique je ne l'aie jamais lue comme une punition).<br /> <br /> @ Pandora<br /> J'essaie, quand je relis un texte pour les Fanes, d'aider l'auteur (qui a parfois le nez un peu trop près de son texte, et c'est bien normal), à en dégager les pépites. Sur ce texte-ci, pour le coup, tout était là dès le départ, et tout le mérite t'en revient.
M
C'est quand la suite ?
P
Merci les filles,<br /> @ Map, oui, Max brille par son absence,<br /> <br /> @ Stella Sabbat, j'ai beaucoup été aidée par Ekwerkwe ;-) Moi qui n'ai pas de télé, je ne comprends pas non plus ces personnages... je crois que tu ne seras pas déçue, sans dévoiler la chute (hé hé!) la punition est à la hauteur du crime<br /> <br /> @ InFolio, là encore le choix de la coupure relève de ma relectrice ;-). Résiste, le plaisir nait aussi du désir ;-)
I
Ah, bé là, pour le coup, je rejoins Stella : côté sens du récit, elle a su le couper pile poil en plein suspens ! :D <br /> Avec ma mémoire en carton, je ne me souviens plus précisément de la chute en plus... <br /> *résister à l'envie de lire la suite dans l'interface du blog* ggnniiiii, sois forte...
Fanes de carottes
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité