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Fanes de carottes
28 octobre 2009

Bûchers - 8

Corvée de bois

InFolio


Lorsque j’étais petit garçon, mes parents, mes deux petites sœurs et moi vivions dans une modeste maison. J’étais alors très impressionné par le feu qui s’animait dans la cheminée. Il se nourrissait de divers restes de repas, épluchures et os ainsi que de fagots ou de grosses bûches.

J’allais souvent avec mon père ramasser ces derniers dans la forêt. Un travail d’homme disait-il avec un clin d’œil. C’était l’occasion de faire un pique-nique au milieu de la nature. Et quelques heures plus tard, nous revenions fièrement, lui avec sa huche remplie sur le dos, et moi avec quelques fagots dans les bras. Une fois à la maison, il emportait le tout dans le bûcher, territoire dangereux et interdit. C’est salissant disait ma mère. Il y a plein d’outils, tu pourrais te blesser disait mon père.
Ainsi, lorsqu’il fallait remplir le panier à bois qui trônait à coté de l’âtre, c’était en général mon père qui, seul, se rendait au bûcher. Mais il arrivait parfois que je voie mes deux parents s’y rendre en même temps, panier sous le bras. Ils me confiaient alors la surveillance de mes deux sœurs. Ma mère allait aider mon père à fendre à la hache les morceaux de bois trop gros. La hache étant dangereuse, il nous était alors formellement interdit de les y rejoindre. On entendait alors souvent de grands bruits et quelques cris de ma mère. Leur effort accompli, ils revenaient, en sueur, avec le panier plein de bois pour le feu, arborant souvent une mine réjouie et satisfaite.

Le jour où ils partirent s’enfermer dans le bûcher en laissant le panier suspendu à la cheminée, j’eus quelques doutes sur les motivations réelles de leur destination. Mais, de nature obéissante, je n’ai pu franchir l’interdit pour en avoir le cœur net. Par la suite je me fis plus rare à la maison, mes petites sœurs grandirent et nous oubliâmes totalement ce rituel. Ce n’est que bien plus tard, en repensant à ces moments, que j’en vins à m’interroger sur la nécessité d’être à deux pour couper du bois à la hache.

Aujourd’hui, j’ai à mon tour une famille. Mes deux enfants, mon épouse et moi vivons dans une petite maison confortable. Elle est chauffée à l’électricité, mais nous apprécions de faire parfois un feu dans la cheminée. Nous avons, nous aussi, notre panier en osier posé à côté de l’âtre. Certes, plus de ramassage de bois avec les enfants, nous achetons les bûches et le charbon que nous stockons, tout naturellement, dans un bûcher…. Et nous disparaissons, ma femme et moi, de temps en temps, dans ce bûcher pour fendre quelques rondins… Bien sûr, l’ainée à pour consigne de surveiller son petit frère et de ne jamais pénétrer dans le bûcher. C’est salissant répète ma femme, il y a plein d’outils, c’est dangereux ! dis-je à mon tour.

Jusqu’à maintenant, ça marche à merveille ! Nous n’avons pas encore omis de prendre le panier et contrôlons nos mines réjouies en revenant au salon…

*   *   *

Ce cache-cache répondait à l'appel du Bûcher

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Commentaires
M
pas de bûcher non plus dans mon enfance mais une cave à charbon :( et malgrè ce côté moins romanesque, une fratrie de 8 :)
V
Arfff... j'ai habité toute mon enfance en appart... sans bûcher... mais avec 5 frères et soeurs!<br /> ;-))<br /> Sourire<br /> Vanina
M
C'est adorable, au moins le progrès n'a pas fait disparaître tous les "petits plaisirs", le tout étant de ne pas oublier les accessoire
I
merci ! <br /> <br /> gros sourire :))
P
Mignon tout plein, même si je me suis demandé au départ si le narrateur n'était pas le fils de Landru... ;)
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