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Fanes de carottes
25 janvier 2009

Le feuilleton du dimanche

Ceux d'en bas

sixième épisode

Pandora


(juste avant...)

   Intergure se rapprocha de ce qui restait du corps de Verox et le repoussa du bout de sa semelle pour dégager l’entrée de la planque désormais recouverte d’une flaque rouge vif. Le casque, devenu inutile, se détacha et roula de côté, dévoilant un visage sur lequel était figée pour toujours une expression d’intense stupéfaction.

   ― Messidor, tu es décidément la pire des mantes religieuses que je connaisse !
   ― Mais je n’ai fait que t’obéir…
   ― Ne me dis pas que tu n’y as pas pris de plaisir. Je te connais trop bien, un cœur de glace dans un corps de rêve.

   Elle haussa les épaules mais sourit sous le heaume de son casque. Intergure sortit de son sac à dos une carte et une boussole qu’il tint devant lui pour localiser leur position et un antique poste de radio qu’il lui tendit :

   ― Appelle-les pendant que je cherche la position… Voilà… Dis-leur : 18° Nord 50° Ouest…
   ― Finalement ça n’a pas été si difficile que ça !
   ― Nous n’avons pas encore la Collection et je me méfie de Pope et de ses tours de passe-passe. Ne sous-estime jamais Ceux d’en Bas si tu veux rester en vie aussi longtemps que moi.

   Messidor n’aimait pas le ton professoral employé, elle n’était plus une petite fille et n’avait pas besoin qu’on lui donne des leçons, mais elle ne dit rien. Il  n’était pas encore temps. Elle demanda donc du renfort…

* * *

   La tension était devenue palpable dans le petit réduit souterrain. Tous sentaient que la solution pourrait bien venir de la petite fille de Pope comme il les avait lui-même guidés de son vivant. Tous attendaient et même le turbulent Jim se tenait immobile et silencieux.

   Gênée par le poids de tous ces regards, Daisy réfléchissait du plus vite qu’elle le pouvait à mesure que les forets qui vrillaient ses tempes se faisaient plus discrets. Elle ne comprenait pas ce qui se passait mais cette image de Verox était terriblement réelle. Elle savait qu’elle ne se trompait pas, elle savait qu’il était mort. Elle porta machinalement la main à sa gorge en écartant doucement la clé devenue tiède pour toucher la zone douloureuse. Elle sursauta. Une cicatrice flamboyante en forme de clé s’imprimait désormais sur son sternum. Elle regarda autour d’elle, tous avaient les yeux rivés sur la marque rouge. La vieille Lennan se signa avant de reprendre frénétiquement ses prières.

   Et tout lui revint brutalement. Le rêve étrange qui l’avait saisie cette nuit et qu’elle avait vécu dans une sorte de demi-sommeil. Elle se rappelait de tout : La Collection, la sortie secrète vers les autres galeries et le chemin pour y accéder, L’attaque violente qui allait survenir par le sas. La mort de…  Non, elle ne devait pas y penser, pas encore. Elle avait été choisie et portait la marque, la même que Pope, cette cicatrice qui l’avait tellement intriguée quand elle lui avait fait sa toilette mortuaire. Il n’était plus temps de penser aux morts. Elle ferma les yeux et entendit La Voix qui parlait doucement tandis que sa cicatrice pulsait. « Il faut partir maintenant, emmène tout le monde et sauve la Collection, Ceux d’en Haut ne doivent pas s’en emparer. Il est trop tard pour Vérox ». La même voix féminine que dans son rêve. Il fallait agir.

   ― Ceux d’en Haut arrivent, il faut partir. Je connais le chemin. Voyez la marque, je suis la Porteuse de Clé. Prenez de quoi vous défendre, préparez-vous rapidement et prévenez tout le monde. Tous ceux qui resteront dans l’abri mourront.

   Quelques voix s’élevèrent pour dire qu’elle n’était qu’une enfant et demander de quel droit elle leur donnait des ordres, mais la majorité des réfugiés présents se précipitèrent dans leur abri pour prendre les quelques objets de valeur auxquels ils tenaient. On entendait le message se propager de cave en cave : « Il faut partir. Ceux qui resteront mourront. » Bientôt tous seraient prêts.

   Restée seule avec Jim qu’elle prit dans ses bras pour le rassurer, elle se prépara elle aussi à quitter cette cave où elle avait grandi. Elle prit un sac dans lequel elle enfourna rapidement une photo pâlie représentant deux petits enfants et un couple dont la femme tenait dans ses bras un bébé, ses parents, le livre « La cuisinière provençale », le maximum de rations et la peluche de Jim. Puis elle s’approcha du cagibi aux balais pour y prendre la Collection. Elle tremblait quand elle prit la clé à son cou pour l’enfoncer dans la serrure. Elle était à la fois effrayée et impatiente de La tenir dans ses mains mais le bahut était vide.

   Ce n’était pas possible, le rêve n’avait rien mentionné à ce sujet et la Voix se taisait obstinément. Où était passée la Collection ? Devait-elle essayer de La retrouver coûte que coûte ou sauver avant tout les réfugiés de l’abri avant qu’il ne soit trop tard? Elle était bien trop jeune pour devoir faire des choix aussi importants. « Pope ! Verox ! Pourquoi m’avez-vous abandonnée ? »

à suivre...

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Commentaires
M
Je passe aussi mais je me réjouis des lectures à venir !
T
Je suis impressionnée.... c'est palpitant.... <br /> je laisse mon tour pour le deuxième service , je ne suis pas assez inspirée en écriture en ce moment pour être à la hauteur... mais je suivrai l'histoire avec attention...
E
> Pandora<br /> Oui. (Finalement.)<br /> ;)<br /> <br /> Bon, la coordinatrice planche sur l'épisode de la semaine et envoie un mail à tout le monde pour voir qui veut repasser.
P
@In Folio, moi je signe (finalement) ;-)
I
@pandora : Ah, mais s'il y a des gens pour signer pour un second passage et s'il y a matière à continuer, je veux bien vous laisser encore vous amuser avant de prendre mon tour pour boucler l'histoire... <br /> Il faut juste qu'il y ait des volontaires et que notre coordinatrice, ekwe, soit d'accord !
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