Quand la science et la fiction se rejoignent
Quand les robots nous entourent
InFolio - llo
Quittons
les fonds marins peuplés de calmars géants pour nous tourner, non plus vers des
monstres de chairs, mais vers des « monstres » issus de la
technologie : les robots.
On
pourrait penser que les robots sont une invention récente. Or, si le terme
« robot » n'a effectivement été inventé qu'en 1920 par l'écrivain
d'origine tchécoslovaque Karel Čapek dans sa pièce de théâtre « R. U. R. »
(Rossum's Universal Robots), le concept de machines au mouvement automatisé
est, lui, plus ancien. Héron d'Alexandrie, ingénieur, mécanicien et
mathématicien grec du Ier siècle après JC, a ainsi conçu de
nombreuses machines hydrauliques. Il a rédigé le « Traité des automates »,
et est considéré comme l'inventeur des premiers automates. De plus, pendant le Siècle
des Lumières, de nombreux mécaniciens de génies inventaient déjà des
automates programmés pour écrire, parler, jouer de la musique ou tisser. En
1738, Jacques de Vaucanson avait même créé un « canard digérateur »
très perfectionné [1].
En Science-Fiction, les fameuses « trois lois de la robotique » ont, quant-à elles, été énoncées par Isaac Asimov en 1942 dans sa nouvelle « Runaround ». Elles régissent le comportent des robots dans la société humaine et leurs interactions avec les humains. (1/ Un robot ne doit pas porter atteinte à un être humain ni, en restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. 2/ Un robot doit obéir aux ordres donnés par un être humain sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la Première Loi. 3/ Un robot doit chercher à protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première Loi ou la Deuxième Loi). Ces règles ont, par la suite, été reprises et respectées par de nombreux autres auteurs de la Science-Fiction.
Les machines automatiques, dans le monde actuel, participent à une part importante de nos activités et interviennent dans trois domaines majeurs : les robots ludiques (jouets et robots de démonstration), les robots qui travaillent à la place des humains ou les aident et les robots de recherche, qui permettent de faire avancer la science.
Sony,
au début des années 90, a commencé à développer une gamme de robots ludiques,
très évolués. Le premier se présente sous la forme d'une petit chien, Aibo [2]
qui est capable d'exprimer des émotions par son attitude, possède des capteurs
tactiles pour réagir aux caresses, et peut reconnaître les voix et les visages.
Cette production a été interrompue en 2006, et c'est désormais le constructeur
coréen Dasatech qui met sur le marché un petit
robot canin, Genibo [3],
assez similaire à Aibo. Le second robot de Sony est un petit personnage
humanoïde, Qrio [4]. Haut de 58
cm, il a la capacité de reconnaître la voix, d'interagir avec les personnes
l'entourant, et de se déplacer de manière bipède. En bien moins ressemblant, il
peut nous faire songer au petit garçon-robot, David, adopté par un couple,
après que leur enfant ait été cryogénisé, dans le film « A.I. »
de Steven Spielberg (2001).
Les
roboticiens travaillent également à animer des peluches, comme les WooWee [5]
qui clignent les yeux et ouvrent la gueule. Loin des grands groupes et de la
grande série, des projets indépendants et plus poussés existent également tel
cet « ours-agile » [6]
créé par une électronicienne mécanicienne française, et dont on peut suivre
l'évolution du prototype. Cette fois tout le corps sera articulé et des fonctions plus avancées permettront au robot
d'acquérir de l'autonomie.
Par
ailleurs, une société japonaise se spécialise dans la location de robots et
automates, par exemple pour des expositions [7].
La course à l'amélioration des robots d'accueil génère aussi des produits de
plus en plus perfectionnés, tel cet actroid [8]
proposé par cette société de location. Ce personnage féminin peut être utilisé
pour tenir des conférences, en plus de pouvoir employer des attitudes et des
mimiques très réalistes, du fait de son apparence très humaine.
D'une
certaine manière, tous ces robots sont à la fois ludiques et remplacent les
humains.
Ce
ne sont pas les seuls robots qui se substituent à l'homme pour effectuer des
tâches relativement répétitives. Ainsi il existe plusieurs modèles qui tondent
le gazon ou aspirent les poussières dans un périmètre préprogrammé. Ce concept
de robot « à tout faire » est également exploité dans le film « L'Homme
Bicentenaire » de Chris Colombus (1999), adapté d'une nouvelle
d'Asimov du même nom parue en 1976. Le robot domestique NDR-114 appelé Andrew
s'occupe alors de la cuisine, du ménage, du bricolage, et même de la
surveillance des enfants. Dans notre réalité, la garde des enfants n'est
cependant pas encore confiée aux machines, alors que ce thème se retrouve
également dans « Lothar Blues » de Philippe Curval (2008) qui
décrit une société en 2020, dans laquelle les parents n'arrivent plus à gérer
correctement l'éducation de leurs enfants, et ce sont alors des robots qui
servent de nurse : les similis.
Mais
d'autres robots remplacent les humains dans des tâches bien plus ardues comme,
par exemple, les bras mécanisés employés, entre autres, dans des usines de
construction automobile, ou encore pour l'exploration en milieu hostile,
extra-terrestre, sous-marin ou nucléaire (télémanipulateur des boites à
gants ; intervention sur des sites radioactifs), ou inaccessible comme des
décombres sur des lieux d'accident, une zone de séisme, ou un terrain miné [9].
Les robots utilisés pour la recherche rentrent eux dans une catégorie très particulière. Ils servent de sujet d'étude dans des laboratoires pour améliorer la recherche dans bien des domaines. C'était déjà le cas pendant le Siècle des Lumières quand les mécaniciens et les chirurgiens s'associaient pour étudier la nature en tentant de la reproduire [10], tel Jacques de Vaucanson qui travaille en collaboration étroite avec le chirurgien Le Cat. En plus du « canard digérateur », ils ont développé un automate à circulation sanguine, commandé par Frédéric le Grand. Plus récemment, on peut citer le robot Rabbit, employé pour étudier la marche bipède et la course au Laboratoire d'Automatique de Grenoble [11].
Ainsi,
dans le monde des sciences, les robots prennent la place des humains en bon
nombre d'occasions et deviennent de plus en plus présents dans notre environnement.
Cette proximité fait que la frontière entre l'homme et le robot, qui jusqu'ici
restait assez immense, semble amenée à devenir de plus en plus ténue : ils
sont de plus en plus souvent programmés pour acquérir de l'expérience et de
l'autonomie, ils sont construits pour ressembler de plus en plus à l'homme et
pour sembler ressentir des émotions. Par opposition, dans l'univers de la
fiction la séparation entre l'être de chair et l'être de métal est d'ores et
déjà quasi abolie… ce quasi ne tenant qu'à quelques subtiles distinctions.
______________________________________________________
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Canard_dig%C3%A9rateur
[2] http://support.sony-europe.com/aibo/index.asp?language=fr
[3] http://www.zonerobotique.com/article-111115-genibo-remplace-aibo.html
[4] http://www.zonerobotique.com/article-111110-qrio-le-robot-de-sony-.html
[5] http://www.esend.com/WowWee/
[7] http://www.kokoro-dreams.co.jp/english/robot/event/robot.html
[8] http://www.kokoro-dreams.co.jp/english/robot/act/index.html
[9] http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39366991,00.htm
[10] http://www.yannminh.com/french/TxtRobotCNAM060.html
[11] http://robot-rabbit.lag.ensieg.inpg.fr/Prototype/rabbit.php