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Fanes de carottes
4 septembre 2008

Vamp & Vampire - 1

Exquise esquisse

deuxième partie

Pandora

          Les nuits se suivent sans qu’elle ne l’appelle, sa raison lui enjoignant de résister. La chasseresse ne se veut pas proie. Alors pour conjurer ce sentiment inconnu et naissant elle se nourrit dans une frénésie compulsive d’amants et d’amantes, des corps dont elle use, à son habitude, sans sentiment. Jusqu’à la nausée et au dégoût.
Et un matin, n’en pouvant plus, elle l’appelle enfin. Sans paraître surpris, il lui propose un rendez-vous dans un restaurant réputé pour le soir même, qu’elle se maudit d’accepter si vite. Et il raccroche courtoisement, la laissant se perdre en conjectures.
          Quand elle arrive au restaurant, Maxime est déjà attablé et se lève à son approche. Il est habillé tout aussi anachroniquement que lors de leur première rencontre et semble ravi de la revoir. Plongeant sans un mot son regard dans le sien, elle ouvre lentement son manteau noir, bouton après bouton, pour dévoiler la robe noire au décolleté plongeant qu’elle a mise pour lui. Sans aucun bijou. Elle aime le regard approbateur qu’il lui lance alors qu’il la salue d’un baisemain. Charmant et charmeur. La soirée passe très vite tandis qu’il lui parle de lui, de ses affaires, de sa passion pour la peinture. Elle ferait un magnifique modèle, et il lui propose de la croquer dès ce soir. Si elle le désire, bien sûr.
          Elle en crève d’envie. Ce soir c’est elle la victime consentante.
          Quand il l’emmène chez lui, Artémis, troublée par cette situation inhabituelle pour elle, reste hésitante dans l’entrée. Maxime la prend alors doucement par les épaules et la conduit jusqu’à la pièce principale plongée dans une demi-obscurité. Les volets sont clos et des draps recouvrent le mobilier. Il flotte dans l’air une odeur de renfermé et Maxime lui explique qu’il occupe peu cette aile du grand appartement haussmannien, lui préférant le calme de son atelier sous les combles. Puis comme elle n’esquisse toujours pas le moindre geste, il lui demande s’il peut lui enlever son manteau. Lui faisant face une main sur son épaule, il la déboutonne de l’autre, puis la découvre doucement, frôlant au passage ses épaules nues. C’est avec plaisir qu’elle le laisse prendre ainsi les commandes puis la conduire jusqu’à l’atelier. Des croquis de femmes nues, plus belles les unes que les autres, sont accrochés dans la galerie qui conduit aux combles. Il en émane une sensualité presque animale. La main toujours sur son épaule, Maxime la pousse doucement pour la faire entrer dans une grande pièce dépouillée au parquet constellé de tâches. Une table que recouvrent pêle-mêle des croquis inachevés et un lit aux draps défaits, placé dans un coin de la pièce, en constituent l’unique mobilier.
          - Vous l’avez vu, je ne m’intéresse qu’aux modèles nus.
          - Je ne quitte jamais mes bottes…
          - Dans ce cas, je me sens prêt à faire une exception. J’ai toujours aimé les amazones.
          Sans un mot, Artémis repousse les croquis étalés sur la table pour s’y appuyer et, le défiant du regard, elle lui tend une des ses jambes gainées de cuir.
          - Prouvez-le.
          Maxime se rapproche, un sourire carnassier aux lèvres. Sans la quitter des yeux, il empoigne le talon de sa botte droite et remonte le long de la jambe en caressant le mollet moulé par le cuir souple. Il lui parle doucement, la capturant de son regard. Puis il la déshabille et elle se laisse faire en silence. La louve est devenue agnelle. Les sens en éveil, elle sent les mains chaudes de Maxime l’effleurer tout en douceur, son souffle lui caresser la gorge, sa voix grave et profonde l’envoûter. Elle frémit de plaisir quand il la saisit plus fermement pour la rapprocher de lui. Son sang, bouillonnant, pulse fort dans ses veines et diffuse le parfum capiteux qu’elle a mis pour lui.
          - Etes-vous prête à être croquée ce soir, belle Artémis ? Vous m’appartiendrez alors, vous le savez, comme ces femmes dans le couloir. Etes-vous vraiment prête ?
          Artémis se cambre contre lui. Et la gorge offerte, elle assiste avec une impatience teintée de crainte à la transformation de son amant en monstre de la nuit : les canines qui pointent l’une après l’autre, les pupilles qui s’allongent en deux fentes verticales, passant du brun au vert, les cheveux et les ongles qui poussent et s’enfoncent douloureusement dans son avant-bras.
          - Je suis prête, Maître.
          Et alors qu’elle repense à tous ceux à qui elle a fait l’amour pour assouvir sa faim dévorante, elle se sent aimer pour la première fois. Aimer et être aimée.
          Elle sourit quand il la prend et la boit avidement jusqu’à ce que le rouge flamboyant de sa bouche ne suffise plus à masquer ses lèvres exsangues.
          Au petit matin, une nouvelle esquisse à la sanguine a rejoint la galerie de nus du couloir.

FIN

* * *

Une réponse à l'appel Vamp & Vampire

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Commentaires
S
Très beau texte en effet ! très sensuel. Parfait dans le genre qui vous donne des frissons sans savoir si c'est d'horreur ou de plaisir.
P
Merci beaucoup à vous, sans oublier Ekwerkwe qui m'a beaucoup aidée à améliorer ce texte ;-)
M
D'accord à sang pour sang pour les deux épisodes !<br /> Un grand bravo Pandora !
V
wahou! hou houuuuuu ! Moi aussi, moi aussi !<br /> <br /> <br /> <br /> ....je voulais dire que je suis d'accord avec In Folio . Je ne demande rien !!!<br /> ;-)
I
miam ! <br /> <br /> j'apprécie autant que lors de la première lecture quand nous avons reçu le texte.
Fanes de carottes
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