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Fanes de carottes
2 juin 2008

Le défi aux Fanes - 6

Lorsque Papistache a proposé aux Fanes son feuilleton, il leur a aussi lancé un défi : réécrire chaque épisode en adoptant un autre point de vue... 

Pour ce dernier épisode du feuilleton "Joyeux anniversaire, Georges !", InFolio nous ouvre le journal intime de la voisine de Georges...

17 mars 2008
Petit journal, ça fait maintenant 3 jours que je suis dans mon nouvel appartement. Je m’y sens bien, c’est agréable. La rue est calme. Et j’ai enfin fini de déballer tous mes cartons et d’emménager.
Cette semaine, je ne travaille pas encore, je vais pouvoir prendre du temps pour me promener et lézarder sur mon balcon.
J’ai croisé, en allant acheter du pain vers le milieu de la matinée, le charmant voisin qui habite en vis-à-vis de chez moi.
Il me semblait pourtant qu’il était instituteur ? En tout cas, c’est ce que m’avait raconté la boulangère qui est deux immeubles plus loin.
Comment est-ce possible qu’il soit de retour chez lui si tôt ? Ce ne sont pourtant pas les vacances.
Quand je l’ai croisé sur le trottoir au sortir de sa voiture, il était pâle comme un linge, et chancelant. Il semblait sur une autre planète, il est passé sans un regard et n’a pas répondu à ma salutation. Avant-hier, il avait eu un sourire et un geste de la main. Il doit être malade.
Ca a un peu modifié mes envies de lézardage insouciant. J’ai acheté mon pain rapidement pour vite revenir chez moi et transformer mon balcon en discret poste d’observation.
Je ne l’ai pas vu pendant un bon moment. Mais plus tard, en fin d’après-midi, il était penché sur son bureau. Il se trouve que l’une des fenêtres de son appartement (celle de son salon j’ai l’impression, je ne vois qu’un bureau avec son fauteuil, un coin de table et un canapé) est en vis-à-vis de la mienne. Il me faisait peine, on aurait dit que la journée l’avait transformé en vieillard, tant il était voûté, tant il avait l’air fragile.

18 mars 2008
Quelle belle journée ! Le soleil m’a fait le plaisir d’être encore de la partie.
J’ai manqué le départ de mon voisin ce matin, je dormais encore, toute à mes vacances.
Mais je l’ai vu revenir vers 14h cette fois. Je ne comprends vraiment pas. Il était aussi pâle que la veille, c’est un véritable zombie que j’ai vu s’avancer dans la rue et rentrer dans son immeuble alors que je finissais de manger sur le balcon.
Alors qu’il était dans son appartement, j’ai pu le voir s’effondrer comme une masse sur son canapé, et j’aurais juré qu’il pleurait.
Vers 14h, j’ai entendu par la fenêtre ouverte son téléphone sonner. Je n’ai capté que quelques bribes. Trop peu pour comprendre, mais au ton de sa voix, il semblait bouleversé et désorienté.
Le soir, je l’ai à nouveau vu penché sur son bureau. J’aimerais savoir ce qu’il peut bien écrire comme ça tous les soirs ?

19 mars 2008
Un nouvelle journée qui a commencé tôt pour moi. J’ai mis mon réveil pour surveiller mon voisin. Il m’inquiète vraiment, il est si craquant… C’était un coup de poker, travaille-t-il le mercredi matin ou le samedi matin ?
J’ai été surprise de le voir tourner dans son appartement comme une tornade. Ca ne lui ressemble pas. Quand la lumière de son salon s’est éteinte, j’étais moi aussi habillée et je suis stratégiquement descendue poser ma poubelle dans le container qui avait été placé au pied de l’immeuble.
Je l’ai donc vu sortir de son immeuble, rasé de frais, cheveux bien peignés, costume gris sombre, chemise blanche, cravate noire… Avec ses grands yeux tristes, ça lui donnait un air enfantin attachant. Mais allait-il à un enterrement ? Ca pourrait expliquer pourquoi il avait eu l’air si renversé dernièrement.
Le midi, à son retour, n’avait plus sa cravate.
Cette fois encore, il s’est assis d’un air abattu sur son canapé. J’ai de plus en plus envie de le réconforter.
Il a encore écrit ce soir. Tient-il un journal, comme moi ? Rêve-t-il lui aussi dans son journal de faire connaissance avec sa nouvelle voisine d’en face ?

20 mars 2008
Etrange, malgré mon réveil et ma surveillance, j’ai manqué mon voisin ce matin. Sa voiture était déjà partie, et l’appartement éteint à l’heure à laquelle, la veille, je l’avais vu se préparer. Encore une énigme à propos de mon mystérieux voisin.
Aujourd’hui, j’ai découvert le bureau de poste le plus proche de chez moi. La promenade dans le quartier a été très agréable. J’ai également trouvé un square, où j’ai annexé un banc pour l’après-midi, avec un bon livre. Vers 16h30, j’y ai vu arriver plusieurs parents avec des enfants ce qui a ramené à ma mémoire mon pauvre voisin. Je me suis alors dépêchée de rentrer pour tenter de le croiser au moment de son arrivée.
Je l’ai manqué, sa voiture était déjà là quand je suis arrivée chez moi. Je n’ai pu qu’apercevoir de loin ce qui semblait être son dos, s’engouffrant dans son immeuble. Tant pis.
Au moment où j’écris, il est de nouveau penché sur son bureau. Il a veillé tard ce soir. Une lumière filtrait encore sous la porte que je devine être celle de sa chambre quand je me suis moi-même couchée.
Et moi, cher journal, il faut que je me calme, j’ai rêvé de lui la nuit dernière, alors qu’il m’est inconnu.

21 mars 2008
C’est vendredi aujourd’hui. Encore trois jours de repos. Je commence lundi. Maintenant que j’ai repris le rythme de me lever tôt, je le garde pour arriver en forme lundi au travail.
Ca m’a permis de voir mon voisin se lever bien plus tard qu’il ne l’avait fait ces derniers jours (mais qu’est-ce qui relève de la norme avec lui ?). Il s’est habillé en trombe et a filé en un clin d’œil. C’est en courant qu’il a rejoint sa voiture. De plus en plus surprenant.
Pour moi, rien de bien passionnant. Un peu de ménage, et une visite au supermarché pour remplir réfrigérateur et placard, en prévision de la reprise du travail qui réduira mon temps libre pour ce genre de contraintes ménagères.
Le voisin, pour revenir à lui, est revenu vers 17h, une pochette rouge à la main qu’il a posée sur son bureau. Du travail pour le week-end ?
En tout cas, le soir même, il n’a pas touché à la pochette. C’est de nouveau ce que je suppose être son journal qui a eu ses faveurs lorsqu’il s’est installé au bureau. A un moment, il s’est levé, a empoigné son téléphone, puis l’a remis à sa place, avant de revenir à son bureau gribouiller je ne sais quoi… Ce soir, plus que tout autre, j’aurais aimé être un espion dans son cerveau, une araignée au plafond de l’appartement pour comprendre ce qui se passe chez ce beau gosse. Il est vraiment déroutant, et je me perds en conjectures.
Si c’est à un enterrement qu’il est allé, il m’a semblé très bouleversé les deux jours qui l’ont précédé, mais s’est semble-t-il remis bien vite d’aplomb. Si c’est uniquement son travail qui le tourmente, alors pourquoi ce costume ? Mais tout cela n’explique pas ce manège avec le téléphone.
Tout ceci aiguise ma curiosité et m’attire de plus en plus !

22 mars 2008
Pas très courageuse ce matin. J’ai eu du mal à me réveiller.
C’est devenu un rituel de curiosité, j’ai jeté un œil par la fenêtre et j’ai vu mon voisin, penché sur son bureau. C’étaient des copies d’élèves cette fois qui le retenaient à sa table. Celles qui devaient être dans la grande pochette.
Sa fenêtre était de nouveau ouverte, ce qui me permettait d’avoir une vue imprenable sur son salon. Pendant que je buvais tranquillement mon thé, assise sur le balcon, camouflée derrière mon bambou, je l’ai vu se lever plusieurs fois, et s’approcher du téléphone, puis retourner à son siège avec un air abattu. Il semble attendre un appel ou hésiter à en passer un.
Puis j’ai été témoin d’un étrange manège qui m’a une fois de plus plongée dans une grande perplexité. Il saisit quelque chose que je ne parvins pas à voir, et il se mit à pleurer. D’un regard éperdu il se mit à chercher une boite de mouchoirs pour sécher ses yeux et cacher son visage tandis qu’il se recroquevillait sur son canapé.
Oserais-je le héler ? Oserais-je aller sonner à sa porte pour lui proposer de venir boire un thé avec moi et lui changer les idées tout en en profitant pour faire connaissance ?

Ca y est, je sais tout : alors que j’étais plongée dans la lecture d’un magazine, j’ai entendu son téléphone sonner. Tout ce que j’en ai entendu c’est comme un cri qu’il a poussé « Solange ! Je suis heureux ! » avant qu’il ne raccroche.
Ainsi, il y avait donc une femme, cette Solange, qui l’a torturé depuis tous ces jours. Pauvre de moi, dire que je commençais à rêver d’une aventure à travers la rue !

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Commentaires
E
InFolio > Quel plaisir de (re)découvrir ta voisine! Depuis le temps, j'avais presque oublié ce que ça donnait!<br /> <br /> Papistache > Et nous, nous sommes ravies de vous accueillir dans le jardin! (Et que vous nous ayez lancé un défi, finalement, malgré nos craintes initiales...)
K
Fort bien vu !!!<br /> Je suis bien certaine qu'il existe des voisines comme celle-ci...lol<br /> Beau travail Infolio
M
Super le journal intime de la voisine !
P
InFolio, vous et les Fanes, je vous embrasse de tout mon cœur !<br /> Je ne regrette pas d'avoir, un jour, franchi la barrière de votre jardin. On y est si bien !
I
ha ha<br /> si seulement j'avais un spectacle ne serait-ce qu'un centième aussi intéressant... <br /> <br /> tout ça devra ne rester qu'un fantasme
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