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Fanes de carottes
30 mars 2008

Le feuilleton dont vous êtes le héros

Nouveau Monde

quatrième épisode

Tilu

Wally et Zong montèrent sur la première barque au moment même où le vaisseau s’enfonça d’un coup d’un bon mètre dans la vase gluante. Krill, qui attendait son tour derrière était englué jusqu’à mi-mollet.
Un rayon rouge surgit brusquement de la barque suivante et l’enveloppa complètement. Il se sentit arraché à la glue du marais et transporté en lévitation sur l’embarcation. Les frêles bateaux se mirent immédiatement en mouvement, silencieusement et à une allure impressionnante. Krill, déjà peu rassuré d’être séparé de ses compagnons, sentit que quelque chose ne tournait pas rond. Le rayon rouge qui l’avait transporté à bord, formait maintenant un anneau lumineux  qui montait et descendait rapidement autour de ses jambes boueuses. Le lumisien installé en face de lui ressemblait à une boule de voyante en suspension, sauf qu’il dégageait un halo rouge écarlate puissant et palpitant. Il expliquait sans doute à Krill ce qui lui arrivait mais Wally avait gardé le senseur sur lui et Krill ne comprenait rien au discours pourtant lumineux de son compagnon.
Les embarcations filaient maintenant à vive allure vers une gigantesque plate-forme qu’on distinguait à l’horizon. C’était énorme ! Elle aurait pu contenir tout Cosmopolis et sa banlieue. Elle était recouverte d’une bulle transparente et elle flottait en suspension dans l’air à quelques mètres au dessus du marais en dégageant une douce fluorescence.
Krill sentit tout à coup une grosse douleur sous la plante de ses pieds qui lui remontait jusqu’au bas du mollet. Une sorte de brûlure intense qui irradiait de bas en haut. Le lumisien qui l’accompagnait s’était mis à clignoter et sa couleur avait viré au pourpre. Les embarcations se glissèrent sous la plate-forme et se rejoignirent sous une  grande colonne de lumière bleu lavande qui émanait de ce vaisseau-mère.
Wally et Zong purent enfin se pencher sur la barque de leur jeune ami dont les grimaces traduisaient maintenant les souffrances. Les lumisiens avaient expliqué aux deux compagnons ce qui se passait et ils n’étaient pas très sereins.
« Krill, mon vieux, accroche-toi, tu es avec un médecin et il essaie de te sortir de là. Tiens bon, et ne bouge pas surtout. Ta douleur vient de la vase du marais que tu as sur les jambes. »
Krill eut juste le temps d’entendre ces dernières paroles avant de sombrer dans un état second dans lequel il pouvait entendre et voir ce qui se passait autour de lui mais ne pouvait plus agir sur rien. Un peu comme si il était retourné dans sa BAK.
La colonne lumineuse bleue les aspira et les transporta sur la plate-forme géante.
Cela ressemblait à un immense laboratoire. Un long couloir blanc circulaire en faisait le tour sur des kilomètres. Tous les dix mètres environ, une pièce s’ouvrait sur le bord extérieur du couloir et on pouvait y apercevoir de nombreux lumisiens de toutes les couleurs qui s’affairaient devant des machines complexes, des écrans ou des tubes à essais.
Sur le bord interne du couloir dont la paroi était en verre on pouvait voir, qui occupait tout le centre de la base de recherche un jardin de plusieurs millominacres carrés empli d’arbres immenses aux fruits inconnus et étranges, et des plantes extravagantes aux fleurs démesurées et aux couleurs éclatantes qui formaient un spectacle étourdissant  qui contrastait avec la froideur des laboratoires. Une vraie  jungle sous serre  en quelques sortes !
Krill fut transporté en chambre d’isolement, Wally et Zong ne pouvaient plus que l’observer à travers une cloison  translucide mais trop épaisse pour qu’ils puissent lui parler.
Le médecin lumisien, le docteur Krack, vint leur expliquer que la base où ils se trouvaient était en mission sur  Anglora  pour étudier la composition et les effets de cette vase unique dans le cosmos et qui recouvrait cette planète.
Les premières études montraient qu’elle était constituée en grande partie de micro-organismes chromophages, « les frups », qui absorbaient littéralement les couleurs de tout ce qu’ils touchaient. Et ils n’avaient qu’à observer leur ami pour s’apercevoir des ravages que les frups pouvaient causer.
Krill était allongé sur le dos sur une table d’examen, on lui avait oté ses vêtements souillés. Il avait été soigneusement lavé et désinfecté et était maintenant exposé sous un prisme, à un bain de lumière blanche à forte dose sensé ralentir la progression du mal. Mais on pouvait constater que ses pieds, depuis les orteils jusqu’au haut des chevilles avaient perdu leur couleur. Ils apparaissaient comme sur ces clichés photographiques archaïques en noir et blanc.
Le docteur Crack expliqua que cette absorption des couleurs ou chromophagie, par annihilation progressive de leur longueur d’onde, entraimait une paralysie qui, si elle durait plus de 72 heures, serait fatale pour les centres vitaux de Krill. Le mal allait remonter le long de son corps jusqu’à son cœur.
Wally et Zong étaient atterrés par ces dernières informations lorsqu’un petit cerveau d’où émanait une lueur rose fushia s’approcha d’eux. Crack leur présenta le docteur Coraya, spécialiste en chirurgie chromosympathique de l’équipe scientifique de la mission. Elle semblait timide et réservée mais très respectée par ses pairs.
Elle expliqua à Zong et Wally qu’il y avait peut être une solution au cauchemar de Krill.
Le dernier protocole expérimental  développé dans son laboratoire montrait que les frups pouvaient êtres détruits. Dans ce cas, la totalité des couleurs et des facultés enlevées au malade lui était restituées.
La substance efficace contre les chromophages mise en évidence lors de cette expérience était très rare et les derniers échantillons avaient été utilisés lors des tests.  Il s’agissait de la molécule d’Alixafricine présente en grande quantité dans le jus du fruit de l’Icramore, arbre dont le spécimen unique poussait quelque part dans le grand jardin.  Il avait été planté il y a plusieurs dizaines de bricailles d’années et plus personne ne connaissait son emplacement exact.

Le docteur Krack  prit alors la parole et de ses mots lumineux exposa aux deux compagnons le choix qui s’offrait à eux. Il y avait deux solutions pour sauver Krill:

La première était de l’amputer le plus tôt possible des parties infectées (elles s’étendaient maintenant jusqu’aux genoux) et alors  ils pourraient alors se rendre sur la planète Zimbla par téléportation afin que les plus grands spécialistes qui opéraient là-bas puissent lui confectionner les prothèses les plus perfectionnées afin de remplacer ses jambes.

La deuxième était de partir en compagnie du docteur Coraya et de deux jardiniers lumisiens en expédition dans le grand jardin à la recherche de l’Icramore, en sachant qu’il  fallait être revenu au maximum dans les trois jours suivants avec les fruits de l’arbre si on voulait sauver Krill. Celui-ci pourrait alors retrouver toutes ses facultés vitales et colorées...

* * *

"Nouveau Monde", un feuilleton collectif
en
un, deux, trois, quatre, cinq, six et sept épisodes

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Commentaires
K
Alors c'est toi qui a crée le docteur Coraya....C'est bête mais ça m'a bien fait rire.
L
Excellent le coup des chromophages !
M
Ah Ah ! On cherche à amputer les votes en pensant à ce pauvre Krill ....
E
Je suis désolée, en allant corriger les Iicramores et les Aalixafrincines dans le cartouche blogitexpress, j'ai remis le compteur de votes à zéro. Vous pouvez donc voter à nouveau... (J'ai honte.)
T
Au fait je corrige un truc IIINNNNNdispensable, l'Icramore ne prend qu'un seul I et et l'Alixafricine qu'un seul A , c'est pour faciliter la recherche dans le dictionnaire... ;-)
Fanes de carottes
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