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Fanes de carottes
5 janvier 2008

Le petit jeu d'atchoum - 1

Deux fées,
MAP (texte) et Véron (photos),
se sont penchées sur le voeu
" jeu des carottes"


- Le jeu des carottes -

Le jeu des carottes que nous connaissons et pratiquons actuellement a une origine très surprenante. En effet, ce jeu est égyptien. Son règlement est gravé sur une pierre, qui fut retrouvée par le plus grand des hasards, en 1780, par un paysan à la recherche de son âne. L’animal s’était réfugié dans un creux de terrain - en fait une tombe anonyme - située à proximité du village des artisans de Deir el Medineh non loin de la vallée des Rois. Ce jeu, dont le règlement n’a que très récemment été révélé, n’a pas fini de se développer sous de nouvelles formes.

* * *

Le jeu des carottes trouve son origine dans l’Egypte ancienne, du temps des pharaons. Ce jeu se voulait un hommage au dieu Khnoum. C’est pourquoi, dans un premier temps, il fut appelé le jeu de Khnoum.

Khnoum est le dieu bélier, animal reproducteur du troupeau et donc considéré comme dieu créateur. Ce dieu, également considéré comme le maître de l’eau était censé contrôler les crues du Nil. Il jouait donc un rôle majeur dans le quotidien des égyptiens.

Le jeu acquit ses lettres de noblesse au Caire. On commença alors à l’appeler : « Le jeu des Cairotes ».

Les règles en étaient simples. Pour jouer il fallait un bélier, autant de petites bottes de foin que de participants, une longue corde de chanvre et un piquet. Le bélier était attaché au piquet à l’aide de la corde. Les joueurs se disposaient en rond tout autour du bélier, à environ vingt pas. Chaque participant devait alors lancer une botte de foin vers l’animal (photo N°1).

photo_n_1

Photo N°1 : Botte de foin arrivée près du piquet.

Le gagnant était alors celui dont la botte de foin aura assez tenté le bélier pour qu’il vienne s’en régaler. Le lot que recevait le vainqueur, n’était pas, comme on pourrait le croire, le bélier, mais une poterie à l’effigie de l’animal considéré comme porte-bonheur.

* * *

Quand, en 1799, Bonaparte dut quitter précipitamment l’Egypte, il eut juste le temps d’emporter dans ses bagages la pierre gravée du jeu des Cairotes. Puis, pendant de très longues années, cette pierre connut l’oubli dans une vitrine d’un musée poussiéreux. Ce n’est que vers 1950 que le fils du gardien du musée - grand admirateur de Champollion et passionné d’archéologie - retrouva la pierre. Il s’essaya à la traduction de ses signes. Malheureusement, certains caractères abîmés par des chutes successives de la pierre rendaient la recherche difficile (Photo N° 2).

photo_n_2


Photo N°2 : Pierre sur laquelle est gravée la règle du jeu des Cairotes.

Le jeune homme ne se découragea pas et passa de longues heures à la tâche. Résultat, après d’inéluctables transformations dues à l’usure du texte, le jeu des Cairotes devint le Jeu des Carottes et le bélier se transforma en lapin.

La règle du jeu devint alors : faites un cercle en bottes de paille et placez au centre un lapin. Les joueurs se postent tout autour du cercle, chacun ayant en sa possession une carotte qu’il lancera vers l’animal (Photo N° 3).

photon_3

Photo N° 3 : Préparatifs du jeu : le lapin est retenu afin qu’il ne se sauve pas durant l’installation du cercle en bottes de paille.

Le gagnant sera bien sûr celui dont la carotte aura si bien séduit le lapin qu’il viendra la grignoter. Le lot que recevaient les vainqueurs n’était pas comme on pourrait le croire, le lapin, mais son poids en carottes.

* * *

Ce jeu sera ensuite repris et transformé. Ainsi, il est pratiqué à différentes occasions, essentiellement des festivités.

Ainsi, dans le midi de la France, il eut son heure de gloire. On lâchait au centre d’une arène autant de lapins que de joueurs. Le pourtour de l’arène était percé de petites portes numérotées. Chaque participant choisissait un lapin et une porte de sortie, et pendant le jeu encourageait son « petit protégé » à gagner la sortie portant le bon numéro. Tous les coups étaient permis pour arriver à ses fins. On pouvait, par exemple, attirer son lapin à l’aide d’une carotte déposée à la bonne porte ou bien lancer une autre carotte en direction de l’animal d’un adversaire pour l’obliger à regagner le centre de l’arène (Photo N° 4). 

photon_4

Photo N°4 : Arène aux lapins employée dans la version provençale du jeu des carottes.

La bonne humeur était de mise et l’on s’amusait beaucoup à ce jeu qui connut ailleurs en France une légère variante pour les kermesses en plein air. Un seul lapin devait entrer dans une petite construction en bois où l’on avait caché une carotte, en choisissant la porte numérotée qui lui convenait le mieux. Chaque joueur, là aussi, encourageait du mieux qu’il pouvait - avec force cris - le petit animal vers la porte souhaitée.

Dans les deux cas, le gagnant étant bien sûr celui dont les cris et les actions auront si bien guidé son lapin qu’il viendra se faufiler dans la bonne porte. Le lot que recevaient les vainqueurs n’était pas comme on pourrait là encore le croire, le lapin, mais, dans la version provençale, une brassée de lavande et de l’huile d’olive, et lors des kermesses un lot qui allait du saucisson sec, à une bonne bouteille, selon la générosité des donateurs.

* * *

De nos jours on retrouve ce jeu - sous une autre forme encore - sur le NET. Ce n’est plus tellement la carotte qui prime, mais ses fanes. On ne lance plus de carottes à un lapin, mais des défis à des lecteurs et lectrices. Les défis se présentent par exemple sous cette forme : «Ecrivez un texte d’une longueur de 3000 à 5000 signes où l’on trouvera le mot «fanes» trente six fois !» ou bien : «Donnez une définition déjantée du mot «fanes» avant le 3 décembre, dernier délai».

Le gagnant est alors celui dont le texte aura si bien séduit les fanes qu’elles viendront le corriger et le publier. Le lot que reçoivent les participants, n’est pas, comme on pourrait le croire, un livre, mais un fan-art de carotte.

* * *

L’hommage au dieu Khnoum est bien oublié. Mais qu’importe, l’essentiel est de jouer !
Voilà comment grâce à un petit âne égaré, un jeu dédié à un dieu égyptien est arrivé jusqu’à nous après maintes transformations et ce n’est peut-être pas fini. Qui sait ce que nos enfants en feront ?

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Commentaires
M
Très bien le site du lapin bélier (excellent même !)... Cependant sur les photos de Véron les lapins n'ont pas les oreilles tombantes. Simple erreur de traduction de la part du fils du gardien du musée ! ça arrive !!! ;-))
L
Kikou, me revoilou avec un nouveau blog qui se nomme liliflore.over-blog.net, il vous faut noter cette nouvelle adresse car l'ancien reste ouvert, et il ressemble comme un frère à l'ancien. Bien sur il y manque quelques aménagements qui se feront avec le temps et votre aide pour m'aider à passer rapidement en privilège.<br /> <br /> Je vous signale ma nouvelle adresse e-mail<br /> liliame.rame@dbmail.com<br /> <br /> bisous à bientôt sur ma nouvelle adresse.......j'espère t'y revoir prochainement
P
Joli travail ethnologique.<br /> <br /> Toutefois, je m'interroge : comment a-t-on glissé du bélier au lapin ?<br /> <br /> Serait-ce :<br /> <br /> http://www.lapinbelier.fr/<br />
V
un concept nouveau pour une représentation mentale de l'objet" ou des photos échappées de leur cadre ??
R
J'aime aussi beaucoup cette arène à lapins.
Fanes de carottes
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